Grâce à la domination hollywoodienne sur petit et grand écran, spectateurs de tous âges et de tous pays ont développé une proximité avec la culture américaine, et des références et rêves partagés à travers les pays. Il existe pourtant une richesse de contenus produits ailleurs, et un besoin de consommer dans sa langue maternelle, auquel Netflix et consorts commencent à peine à répondre.
C’est ce qui explique les quatre millions d’abonnés de BluTV, dont les séries Turques séduisent une large partie du monde arabe, ou le succès de Megogo, plateforme russe spécialisée dans la diffusion d’émissions et de fictions à destination du monde russophone. En Asie, l’entreprise malaysienne Iflix consacre sa rubrique « K-flix » aux productions coréennes, propose une section dédiée à Bollywood, et met en avant dès sa page d’accueil des films thais, malais ou chinois. En Espagne, FlixOle propose une large sélection de films espagnols.
En France, la plateforme Salto – projet commun à M6, TF1 et France Télévisions – est attendue pour 2020. Souvent présenté comme « la réponse française à Netflix », il faudra attendre l’annonce du catalogue pour savoir la place qui sera accordée au contenu français, mais il y a déjà fort à parier que les grands succès de la télévision française comme Joséphine, Ange Gardien serviront à porter le service.
La SVOD française ne s’oppose pas toujours de manière frontale à Netflix, et c’est souvent dans l’innovation que les marques hexagonales et européennes se démarquent.
LaCinétek, plateforme française lancée en 2019, prend le contre-pied des géants du secteur en proposant une sélection restreinte de 10 grands films par mois. Son petit prix à 2,99€ par mois, et son catalogue construit par de grands réalisateurs ont déjà séduit plus de 10 000 abonnés. La plateforme Spicee quant à elle, a fait le choix de produire et proposer des documentaires engagés sur des thèmes brûlants comme les fake news, Donald Trump ou les théories du complot.
En Grande-Bretagne, Marquee.tv propose un accès à des pièces de théâtre et des ballets filmés, Hayu propose le meilleur de la TV réalité et True Royalty se concentre sur tout ce qui a trait à la royauté. En Suède, DrakenFilms est le spécialiste des films rares. Aux Pays-Bas, Cinetree sélectionne les plus grands succès du grand écran.
Autant d’initiatives diverses qui s’appuient sur la connaissance des attentes et des besoins locaux pour enrichir l’offre de divertissement accessible sur le marché.
En France, les professionnels du secteur bénéficient d’aides du Centre National Cinématographique (CNC) pour développer leurs services. Cette initiative publique, soutenue par le Ministère de la Culture, vise notamment à encourager une réponse française face à une domination américaine de l’audiovisuel.
Les éditeurs de plateformes VOD peuvent prétendre à deux types d’aide : l’aide financière sélective, et l’aide financière automatique.
L’Union Européenne a également développé depuis 1991 une aide permettant d’encourager le développement de l’industrie européenne audiovisuelle : le programme MEDIA. Aujourd’hui, celui-ci peut également s’appliquer aux plateformes de VOD et de SVOD pour favoriser la commercialisation des films européens non-nationaux.
Si les GAFAN ont pris beaucoup d’avance sur le terrain de la SVOD mainstream, il est néanmoins possible pour des initiatives locales – grâce à leur créativité, à leur connaissance des marchés, et au soutien des politiques audiovisuelles – de prendre une place sur le marché du streaming. Lors d’une interview accordée à France Inter en octobre 2018, le Ministre de la Culture Franck Riester déclarait : « La diversité des contenus audiovisuels, la diversité de la création, la diversité des publics touchés par ces créations audiovisuelles ou ces créations culturelles, c'est essentiel, c'est un des grands enjeux. »